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Le TẾT de mon enfance

Photo du rédacteur: Atelier NemAtelier Nem

Lorsque deux vases de fleurs sont posés, qu'un plateau joliment arrangé de cinq fruits décorés de petits piments rouges, une boîte de biscuits et un banh chung sont soigneusement placés sur l'autel de nos ancêtres par maman, je vois le Têt arriver dans notre petite maison. Maman a allumé un bâton d'encens pour parfumer la maison. L'odeur de l'encens se répand dans l'espace, chaude et sacrée.


Repas de Têt pour prier nos ancêtres
Repas de Têt pour prier nos ancêtres

Le Nouvel An lunaire au Viêt Nam est la fête la plus attendue de l'année pour tout le monde et surtout pour les enfants. La date du Nouvel An lunaire est calculée selon le calendrier lunaire et tombe généralement à la fin du mois de janvier ou au début du mois de février du calendrier solaire. Lorsque j'étais à l'école, je ne sais combien de textes j'ai écrits pour décrire, commenter et raconter les jours du Têt. Pour illustrer mes exposés, je faisais souvent des dessins vivants et colorés.


Je ne me souviens pas des célébrations des trois Têt dans la ville natale de mon père dans la région de Ha Nam, je ne peux que les imaginer à travers les paroles de ma mère. Ma mère m'a raconté que la veille du Nouvel An, les villageois se rendait ensemble à l'église pour prier pour une année paisible pour leur famille et leur village. Ensuite, les gens rentraient chez eux pour les derniers préparatifs avant le Nouvel An. Le jour de Nouvel An, les membres de la famille proche se rendent chez l’un et chez l’autre pour leur souhaiter une bonne année. Chaque personne apporte un gâteau de riz traditionnel banh chung. En arrivant dans chaque maison, ce banh chung est offert au propriétaire en lui souhaitant une année pleine et prospère, avec beaucoup de nourriture et de richesses dans la maison. Ils se souhaitent mutuellement « Je vous souhaite, à vous et aux vôtres, une bonne année, une bonne santé, que tout se passe bien et beaucoup de riz pour toute l'année ». Après cela, les gens s'assoient et discutent pendant un certain temps, puis demandent la permission de partir. Le propriétaire rapportera le banh chung qu'il vient de recevoir comme cadeau à l'invité en guise de remerciement. Le banh chung continue d'être apporté dans une autre maison pour célébrer le Têt.


Le Têt dans la ville natale de ma mère m'a marqué davantage, car à l'époque j'étais en âge de le ressentir et surtout de participer aux préparatifs du Têt avec ma mère. Pendant plus d'un mois, l'ambiance du Têt était partout, dans les rues, dans chaque famille, à l'école. Les enfants rivalisaient pour compter les jours jusqu'au Têt et s'enthousiasmaient à l'idée d'allumer des pétards, d'acheter des ballons et de recevoir de l'argent porte-bonheur, mais l'une des choses les plus heureuses était de pouvoir porter de nouveaux vêtements.


ACHAT DES INGRÉDIENTS

Quelques semaines avant le Têt, maman a commencé à acheter du riz gluant, des haricots verts, des champignons parfumés, des champignons noirs, des vermicelles, des pousses de bambou séchées, de la sauce de poisson comme si, jusqu'à l'approche du Têt, il n'y aurait plus rien à acheter. Quant aux bonbons et apéritifs sucrés, ma mère attend la veille du Têt pour les acheter. Je ne comprenais pas pourquoi, peut-être que les sucreries restent trop longtemps pouvant perdre leur goût, ou le fait d’avoir des sucreries dans la maison nous rend encore plus impatientes. Chaque jour, quand elle rentre du travail, ma mère ramène à la maison un nouvel ingrédient pour le repas de fête du Nouvel An et le range dans le meuble en bois situé dans un coin de notre maison. La sensation de satiété que je ressens lorsque je vois de plus en plus d'aliments secs achetés par ma mère me rendait heureuse. L'odeur des pousses de bambou et des champignons parfumés persiste chaque fois que nous ouvrons l'armoire. Ce parfum familier est associé au Têt. En effet, il est rare que ma mère achète et cuisine des plats aussi élaborés.


FLEURS DU TET 🌸

Plus le Têt approche, plus les rues sont bondées et animées. Des drapeaux, des fleurs et des panneaux d'affichage rouge vif avec des slogans et des paroles décorent les rues. Au coin des rues, les vendeurs de fleurs de pêcher et de kumquats ont commencé à les vendre. J'aime beaucoup les petites et belles fleurs de pêcher. La fleur à cinq pétales, de couleur rose pâle, enveloppe finement le pistil. Plus une branche de pêcher a de fleurs, plus elle est belle et enviée par les clients. Il existe en réalité deux ou trois types de pêches différentes, mais elles se divisent en deux grands types : les pêchers cultivés et les pêchers sauvages. Les pêchers de plein champ se déclinent souvent en deux couleurs : rose pâle ou rose foncé. Certains arbres sont élaborés pour obtenir des formes uniques et complexes. Les pêchers sauvages sont souvent transportés depuis les hautes montagnes du Nord-Ouest. La couleur des fleurs est plus claire et elles sont aussi un peu plus petites que celles des pêches cultivées, mais les branches sont généralement grandes et ont une très belle forme naturelle. Ceux qui savent apprécier les fleurs et qui en ont les moyens choisissent souvent d'acheter des pêchers élaborés ou des pêchers sauvages. Quant à ma mère et moi, le simple fait d'avoir une petite et belle branche de pêcher nous rendait très heureuses. Mais ma mère n'achète pas non plus de branche de pêcher tous les ans parce qu'elles coûtent chères.


Marché de fleurs de pécher
Marché de fleurs de pécher

Outre les fleurs de pêcher, les vendeurs de fleurs proposent également des fleurs hoa mai jaune, typiques du Sud, des kumquats ornementaux, des violettes, des dahlias, des glaïeul. Parfois, je me demande encore pourquoi les cultivateurs sont si bons, ils peuvent prendre soin des arbres pour qu'ils produisent des fruits, et même beaucoup de fruits pendant les périodes du Têt. Ils sont vraiment doués pour cela. Il y a aussi eu une année où nous avons acheté des kumquats, une petite plante, pas besoin d'une forme élaborée, juste un peu de fruits mûrs pour avoir de belles couleurs gaies et quelques jeunes feuilles appelées feuilles de bourgeons pour la maison pour la nouvelle année. Habituellement, si nous achetions des branches de pêcher ou des kumquats, ma mère attendait le dernier jour de l'année pour en acheter, car les vendeurs de fleurs baissent souvent les prix à ce moment là.


BANH CHUNG

Une semaine ou quelques jours avant le Têt, nous préparons des banh chung. Le Têt sans banh chung n'est pas le Têt. Maman l'a toujours dit, alors même si elle est très occupée, elle essaie toujours de préparer des banh chung pour ma sœur et moi afin de créer une ambiance de Têt. J'aime aussi beaucoup emballer les banh chung. Lorsque je raconte l'histoire de l'emballage des banh chung, je me souviens de la première année où ma mère a emballé elle-même les banh chung. Tout le monde ne sait pas comment emballer ce gâteau de riz au Viêt Nam, car il doit généralement être emballé en forme carrée, ni trop fin ni trop épais. Surtout, le gâteau ne doit pas être déballé ou cassé lors de cuisson. Au moment de l'épluchage, les couches de riz, de haricots et de viande doivent être uniformes et nettes . Il nécessite donc un peu de technique et de savoir-faire.


Lavage des feuilles dong
Lavage des feuilles dong

Dans la famille élargie de ma mère, à l'époque, seul l'oncle Thinh savait emballer les banh chung. Sa famille vivait juste à côté de la maison de mes grands-parents. Après avoir choisi un jour où l'oncle Thinh est disponible pour nous aider à préparer nos gâteaux de riz, ma mère prépare les ingrédients à l'avance. La préparation des ingrédients est assez minutieuse et prend beaucoup de temps. Après avoir été achetées, les feuilles de dong sont exposées à l'eau chaude, puis lavées et séchées à l'aide d'une serviette douce. Ensuite, ma mère enlève les nervures des feuilles pour éviter qu'elles ne se cassent lors de l'emballage. Des fois, on peut pré-plier des feuilles pour rendre la tâche de l’oncle Thinh plus rapide. Quant au riz pour le banh chung, nous utilisons le riz parfumé, rond et ayant un parfum remarquant. Nous lavons le riz plusieurs fois dans l'eau jusqu'à ce que l'eau soit claire. Maman dit que plus les feuilles sont lavées et séchées, et plus le riz est soigneusement lavé, plus le gâteau se conserve longtemps. À l'époque, il n'y avait pas de réfrigérateur et les banh chung cuits étaient conservés dans le placard, ma mère était donc très attentive à la préparation des ingrédients.


Pour assaisonner du riz, maman ajoute du gros sel puis le bien mélanger. Pour préparer les haricots verts, elle achetait des haricots sans peau pour qu'ils soient plus faciles à préparer. En fait, une année, ma mère a voulu économiser en achetant des haricots verts non épluchés. Plus tard, elle a appris de son expérience et a payé un peu plus cher, mais en retour, les haricots étaient nettoyés, il suffisait de les faire tremper pendant une heure environ, puis de les mettre à cuire dans la casserole, c'est beaucoup plus simple. Après la cuisson, les haricots étaient additionnés d'un peu de sel, puis façonnés en portions pour chaque gâteau. La viande utilisée dans le banh chung est la poitrine de porc, avec de la viande maigre et de la viande grasse. Dans le banh chung, nous n'aimons manger que de la viande grasse, alors quand nous l'achetons, ma mère choisit un morceau avec un peu plus de graisse pour que le gâteau soit moins sec. La viande est marinée avec du sel et du poivre, puis divisée en morceaux. Un banh chung peut contenir un ou deux morceaux de viande, selon la taille.


Ingrédients pour le banh chung
Ingrédients pour le banh chung

Une fois les ingrédients préparés, ma mère a étalé une natte de carex sur le sol, a soigneusement disposé chaque ingrédient un par un, puis s'est empressée d'aller chercher l'oncle Thinh. Cette année-là, le jour où ma mère a emballé le banh chung, l'oncle Thinh a également aidé d'autres familles à emballer le banh chung. Il courait donc d'une maison à l'autre, s'asseyait avec ses jambes engourdies, puis allait dans une autre maison pour continuer l'emballage, il ne s'arrêtait pas. Maman a attendu une éternité que son tour arrive, mais les ingrédients avaient été préparés depuis longtemps. Alors, comme elle ne pouvait plus attendre et qu'elle se sentait aussi un peu gênée, elle est revenue, s'est assise, a retroussé ses manches et a emballé elle-même le banh chung. Le premier banh chung de sa vie ! Le banh chung que ma mère avait regardé les autres emballer pendant des décennies, mais qu'elle n'avait jamais osé faire par elle-même. Une grande feuille à l'extérieur, deux petites feuilles à l'intérieur et encore une dernière la plus petite, puis elle a pris un bol de riz et l'a versé au milieu de la feuille. Elle place une demi-morceau de haricots, l'étale uniformément, dispose un ou deux morceaux de viande puis recouvre d'une deuxième couche de haricots et d'un autre bol de riz pour recouvrir complètement la viande et la pâte de haricots à l'intérieur. La première couche de feuilles est incubée, puis la deuxième et la troisième couche, et enfin maman utilise une corde fine et souple faite de la base des plantes nứa pour attacher le gâteau. Le premier gâteau n'avait pas l'air carré, pas très joli, mais maman était indescriptiblement heureuse et fière. Même s'il est rond, c'est toujours le gâteau que l'on enveloppe de ses propres mains. Il s'avère que c'est si simple. Ma petite sœur et moi avons été autorisées par notre mère à emballer les derniers gâteaux, dont la taille était laissée à notre appréciation. J'emballe souvent de petits gâteaux, parfois carrés, parfois rectangulaires, et je les apprécie énormément. J'attends avec encore plus d'impatience le moment où le gâteau sera cuit et où je pourrai goûter celui que j'ai emballé.


Feuilles de dong
Feuilles de dong

Viande de porc salée et poivrée
Viande de porc salée et poivrée

Notre moment de partage préféré avant le Têt
Notre moment de partage préféré avant le Têt

Après avoir emballé le gâteau, un système de cuisson est installé à l'intérieur de la maison, sur le sol en terre battue. Trois briques sont placées sur trois côtés différents pour former un trépied. La casserole à gâteau est en aluminium et est très grande. Maman a placé une couche de feuilles de dong au fond de la casserole pour éviter que les gâteaux ne brûlent en bouillant, puis elle y a soigneusement placé les gâteaux. Elle l'a ensuite placée sur le feu et a versé de l'eau pour couvrir les gâteaux. Le système de cuisson est alimenté par des gros morceaux de bois. Les gâteaux sont mijotés toute la nuit pour ne pas perdre de temps pendant la journée. Au début, ma sœur et moi étions très excitées, car nous voulions rester debout toute la nuit à entretenir le feu avec ma mère. Mais en général, ce n'est que vers neuf ou dix heures du soir que mes yeux commencent à se fermer. En général, nous essayons d'attendre que l'eau de cuisson bouillonne. L'odeur des feuilles de dong, du riz et des haricots qui cuisent dans la marmite se répand dans la maison. L'odeur du bois brûlé et du feu vacillant, quelques petites explosions pleines d’étincelles sont extrêmement amusantes. Parfois, ma mère enterrait quelques patates douces et du maïs dans la couche de charbon de bois pour que nous puissions les manger. Il n'y a rien de plus agréable que de surveiller les gâteaux autour du feu avec ma mère et ma sœur.


Pendant que ma sœur et moi nous endormions, ma mère est restée près du pot de banh chung pour ajouter du bois et de l'eau. Vers le matin tôt, lorsque les gâteaux sont mijotés pendant sept ou huit heures, la mère éteint feu et les laisse dans l'eau encore pendant quelques heures. Maman s'est endormie vers trois, quatre heures du matin pour reprendre des forces.


Le lendemain matin, dès notre réveil, nous étions extrêmement excitées de sortir notre banh chung que nous avons emballés nous-mêmes. Un par un, un par un. Les gâteaux gonflent plus que lorsqu’ils sont emballés. Et surtout, aucun des gâteaux n’est exposé ou trop lâche. C'est donc une réussite. Ma mère a placé les gâteaux sur le plateau. En appuyant des briques dessus pour les presser, l'eau du gâteau s'échappe, ce qui rend le gâteau plus sec et plus saisi. Nous choisirons l'un des gâteaux emballés par mes sœurs, le bébé banh chung à ouvrir et à déguster en premier. Le goût du banh chung fraîchement pris est le meilleur. Le gâteau a la couleur verte de la feuille dong et a l'odeur du riz et des haricots, mélangée à l'odeur de la viande et à l'odeur des feuilles de dong longuement cuites pour créer une saveur délicieuse. Nous étions tous excitées et satisfaites de premiers résultats, de notre premier banh chung.


Banh chung avant la cuisson
Banh chung avant la cuisson
Banh chung après la cuisson
Banh chung après la cuisson

Dans les années qui ont suivi, ma mère était occupée pour préparer des gâteaux par elle-même, c'est donc moi qui ai souvent effectué le travail d'emballage. Maman s’occupait de l’achat de tous les ingrédients, les préparer, puis m'a laissé emballer les banh chung. Le soir, quand elle rentre à la maison, elle allume le feu pour faire bouillir des gâteaux. J'ai commencé à préparer seule les banh chung pour ma famille quand j'avais onze ou douze ans.


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